Une traversée satirique et tragique de l’époque la plus sombre de l’Allemagne dans un contexte artistique où l’expressionnisme jette ses derniers feux.
On savoure cette bulle théâtrale et musicale
Ambiance berlinoise sur fond de nazisme rampant au sous-sol du Poche-Montparnasse reconverti en cabaret underground, où Kurt Weill, notamment, s’invite à la fête, rappelant aux fans de théâtre, le souvenir des opéras de Brecht. On descend les marches, on s’installe à des tables, on commande (ou pas) une coupe de champagne et on savoure cette bulle théâtrale et musicale saisissante de vérité, que nous offre une troupe épatante d’acteurs, de musiciens et de chanteurs. La star de la revue est sans conteste Marisa Berenson, sidérante en patronne de maison cynique, qui mène son monde à la baguette. Autour d’elle, les hommes aux yeux cernés de kôhl attirent pourtant le regard. Sebastiàn Galeota surtout, dans le rôle du fils honni par la taulière, dont la voix bouleversante semble dire, à elle seule, la tragédie que s’apprêtait à vivre le XXe siècle. Sidérant.
Joëlle Gayot / Télérama