Espace Diamant

Exposition : Les îles du Milieu


Vernissage le 13 janvier à 18h30
Exposition du 13 janvier au 28 février 2023


(c)Franco Zecchin
(c)Franco Zecchin
"L'exposition Les îles du Milieu développe quatre axes : le premier entre la Sicile et la Corse à travers les photographies de Franco Zecchin, le second développé par Olivier Metzger s'attache à symboliser les comportements des individus œuvrant pour le crime organisé dans leur manière de se protéger voire de se défendre. Agnès Accorsi, quant à elle, nous transporte dans son univers énigmatique et fascinant où les armes « prennent le maquis ». Enfin, en écho à l'actualité, le photoreporter Edouard Elias est allé à la rencontre de ces récents collectifs dénonçant l'emprise mafieuse en Corse."
Christian Buffa, Commissaire d'exposition
 

Franco Zecchin
Franco Zecchin
SICILE
Ces photos naissent de la tension entre recherche esthétique et critique sociale. Elles proposent une lecture de ces lieux - Palerme et la Sicile - entre la fin des années 70 et le début des années 90, qui s’oppose à celle d'une insularité bloquée dans sa singularité, résignée à l'oppression du pouvoir mafieux et incapable de réagir.
À la brutalité mafieuse et à son cortège de meurtres et de massacres, font écho les procès et les funérailles. Les expériences de vie dans les hôpitaux psychiatriques alternent avec les fêtes historiques ou religieuses, les lieux d'échange et les relations sociales d’une ile ouverte sur le monde. Les mobilisations citoyennes rappellent que la Sicile n'est pas seulement le berceau de la mafia mais aussi celui de l'anti-mafia et de nombreuses expérimentations sociales.
Ouverte à d'autres contextes, européen et méditerranéen, la Sicile est le terrain sur lequel j'ai composé ma vision de la réalité et le prisme à travers lequel j'observe le reste du monde et explore les liens entre politique, économie et société.
 
En Sicile, la guerre des "Corleonesi" contre les familles mafieuses rivales, contre les représentants de l'État et de la "société civile" pour la conquête absolue du territoire, a fait un nombre croissant de victimes : une centaine dans la seule municipalité de Palerme en 1982, et plus de mille morts en Sicile, de 1975 jusqu'aux massacres des juges Falcone et Borsellino et de leurs escortes, en 1992.
Quand des juges, des policiers, des hommes politiques, des personnes que je connaissais et que j'appréciais pour leur courage et leur engagement, ont commencé à mourir tués par la mafia, alors j'ai compris que mes photos pouvaient participer à la construction d'une conscience et d'une mémoire collectives, en opposition à la pratique de l'oubli et du silence, fonctionnelle au pouvoir de la mafia.
Aujourd'hui, la mafia n'apparaît plus, n'offre plus le spectacle de la mort, ne met plus en scène sa puissance terrifiante. Les affaires prolifèrent lorsque tout le monde se tait, lorsque les projecteurs s'éteignent, lorsqu'il n'y a plus de possibilité d'opposition. Renouveler la mémoire politique des crimes de la mafia est un acte essentiel pour comprendre ce phénomène et nécessaire pour le combattre.
 
Franco Zecchin
Né en 1953 à Milan, en 1975, il arrive à Palerme où devient photographe professionnel en travaillant sur la Mafia, la corruption politique et les conditions sociales en Sicile. En 1980, il est parmi les fondateurs du Centre de Documentation contre la Mafia « Giseppe Impastato ». Il fait du théâtre et il réalise des films au sein de l’Hôpital psychiatrique de Palerme. En 1988, il devient membre « nominé » de l’Agence Magnum. Entre 1989 et 1991, il conduit une enquête photographique sur les rapports entre pollution industrielle et santé publique en Silésie (Pologne). Dans les années 1990, il poursuit une recherche photographique sur le nomadisme et l’utilisation des ressources environnementales, en travaillant sur une dizaine de sociétés dans différentes parties du monde. Aujourd’hui, il vit et travaille à Marseille où, à côté de ses activités de formation à la photographie, il continue à explorer le rapport entre appropriation du territoire et pratiques sociales à travers la photographie. Ses photos font partie des collections de l’International Museum of Photography de Rochester, du MOMA de New York et de la Maison Européenne de la Photographie à Paris.
https://francozecchin.com/
 

Faites pour rouler au… « sans plomb » !
"Une berline blanche dans une nuit lactescente sur une route solitaire ; un break massif dont la lune urbaine imbibe la carrosserie noire de tâches blêmes ; une limousine déroutée, très déroutée, en rase campagne. Olivier Metzger, photographe à l’art si crépusculaire qu’il en est lumineux, rend immortelles les voitures blindées qu’il a pistées dans la banlieue de Naples. Elles roulent des mécaniques pour posséder la beauté sobre et élégante de citadelles itinérantes et imprenables, sauf pour l’artiste lui-même blindé dans son univers hiératique de roadmovie grâce auquel l’onirisme du mouvement pétrifie les objets, des cibles mouvantes en l’occurrence, dans un réalisme rugissant.
Partout où le virus de la criminalité se propage, le taux d’incidence des voitures blindées augmente. La Campanie, la Calabre, la Sicile, la Corse, la région ajaccienne, surtout. C’est un marqueur de la Mafia. Entre les terres du Milieu, il n’y a pas de problème de parallélisme.
Une automobile ultra-sécurisée de luxe, à l’épreuve des fusils d’assaut et capable d’amortir le souffle de vingt kilos de TNT à bout portant, a des vitres teintées de dix centimètres d’épaisseur, des portières-boucliers lourdes de 250 kilos chacune et, en options, des dispositifs pour éteindre le feu, actionner la réserve d’oxygène et même, par effet boomerang, faire ricocher les balles en direction du tireur. Si elles coûtent jusqu’à plus d’un demi-million d’euros, c’est qu’il y en a sous… le Capo. Le portrait-robot des propriétaires est partout le même, un chef de gang englué dans des luttes rivales, un homme d’affaires dont la puissance fiscale appâte les racketteurs, un rangé des voitures talonné par des haines recuites. Quand ils s’installent sur leur siège au cuir tanné, comme eux, une seule obsession leur occupe l’esprit : la sortie de « tôle » indemnes.
De ces grosses autos rutilantes et invincibles, Olivier Metzger traque la rampe des feux pour les placer, ici à l’Arsenal le bien nommé, sous les feux de la rampe. Son errance métallisée éclaire les consciences telle un appel de phare."

Jean-Marc Raffaelli
Olivier Metzger
Né en  juillet 1973 en Alsace de nationalité Suisse et Française.
Il vit à Arles depuis 2001.
Sorti diplômé de l’école nationale de la photographie d’Arles en 2004, Olivier Metzger a remporté de nombreuses récompenses, dont le prix du Off aux rencontres d ‘Arles en 2003 ou le prix spécial BMW en 2007 et a été nommé pour le prix découverte des Rencontres en 2009.
Il est rapidement repéré par la galerie Bertrand Grimont à Paris. L’étrangeté hypnotique qui se dégage de ses images a charmé le réalisateur-photographe David Lynch lors de la foire Paris Photo en 2012 et cette même année, il intègre l’agence de renommée internationale Modds.
Exposé à la Fiac ou à Paris Photo, ses œuvres ont été vues à travers le monde comme à la fondation Hermès de Berne, à la Maison de la photographie de Moscou ou encore dans des institutions internationales à Prague, Kosice ou Tokyo.
Entre pratique personnelle et photographie de commande, on peut reconnaître régulièrement ses images dans la presse nationale ou internationale ou au travers de collaborations pour de grandes maisons de luxe.
 
Olivier Metzger
Olivier Metzger

"Ils sont enseignants, chanteurs, musiciens, chefs d’entreprise, ingénieurs, professeurs, responsables culturels ou associatifs, réalisateurs de films, militants, poètes, avocats, écrivains... Et Corses. Tous soucieux de dire leur ras-le-bol à visage découvert, contre la Mafia. Deux collectifs issus de la société civile — « A Maffia Nò, a Vita Iè » et « u Cullittivu Massimu Susini » s’érigent, dans l’île, face à ce nouvel empire du « milieu ». Une emprise qu’ils nomment et qu’ils dénoncent devant l’objectif du photoreporter Edouard Elias. Si ce « mal » nous disent-ils, ne possède pas encore l’ancrage ni le périmètre de prédation des mafias calabraises ou siciliennes, ce n’est qu’une question de temps. Elle est loin, l’image pittoresque du bandit d’honneur, cet hors-la-loi au noble coeur, habité par le bien dans son royaume de maquis et dont les vieux murmurent au coin du feu les aventures nocturnes, fusil à l’épaule et dague à la ceinture, à travers les villages endormis. Les temps ont bien changé. Les vieux sont morts. Leur mémoire disparue avec eux. Ce pourquoi il faut agir, à découvert, en combattants les appétits dangereux et toxiques. En libérant la parole pour que d’autres les suivent. Question d’honneur, de dignité, de valeurs à défendre. Dans un discours prémonitoire de 2004, c’est ce réveil populaire qu’Edmond Simeoni, figure fondatrice du nationalisme corse moderne, invoquait en filigrane en appelant aux « efforts » de chacun : « Ce pays, qui a des richesses naturelles considérables, est plus menacé par la mafia dans les cinq, dix, quinze ans qui viennent que par le sous-développement (...). Oui, vous allez voir des héliports, des ports, des fréquentations, des sociétés de gardiennage, vous allez voir des drapeaux corses partout, mais vous aurez perdu l’essentiel : vous aurez perdu votre âme. »
Bastien MANAC'H
 


Edouard Elias
Edouard Elias témoigne des crises sociales et humanitaires à travers le monde – guerres, exodes, répression, pauvreté sont les thèmes principalement abordés. Pour lui, il est crucial de photographier afin de révéler au public une réalité que l’on essaye de ne pas montrer, dont les regards se détournent. Ce devoir de voir devient un devoir de mémoire. Sa photographie évolue, au départ concentrée sur une pratique « news » lors du conflit syrien où il a suivi les différentes offensives rebelles sur le front opposées à l’armée de Bachar El Assad. Capturé par l’Etat Islamique pendant son quatrième reportage, il sera retenu 11 mois en otage. Son approche se dirige ensuite vers une méthodologie plus lente, où l’intimité avec son sujet créée une pratique immersive de sa photographie, au plus proche de son sujet afin de ne pas témoigner seulement d’un contexte mais d’émotions. Depuis, il réalisa un travail en immersion avec la Legion Etrangère en opération et en formation, un reportage au sein de l’hôpital de Panzi, ou opère le docteur Mukwege, prix Nobel de la paix 2018 et embarquera sur l’Aquarius pour photographier des sauvetages de réfugiés en mer Méditerranée. TIME Magazine publiera ses images des puits de pétroles incendiés en Irak ou LeMonde l’enverra au Tchad & Cameroun autour du conflit contre Boko Haram. Entre 2017 et 2018, il photographiera le conflit du Dombass, des deux côtés. Ce dernier travail rentrera dans le fond des estampes du Musée des armées des Invalides, à Paris. Edouard a reçu pour son travail le Prix visa d’or Remi Ochlik à VISA POUR L’IMAGE, le prix Sergent Vermeille, a été reçu au World Press Photo Masterclass, sélectionné trois fois au prix Bayeux Calvados des correspondants de guerre. Il est depuis 2018 membre de ce prestigieux jury. Ses images ont étés exposées entre autre au Centre National des Arts & Métiers, à la Mairie de Paris, A Beyrouth, au site du Pont du Gard, classé patrimoine mondial de l’UNESCO et au Musée National de Chine à Pékin dans le cadre de l’exposition Wonderlab de Heart & crafts. Elles ont également étés accueillies au Grand Palais lors du Salon du livre rare et de l’objet d’art, à l’évènement Homo Faber de la Fondation Michelangelo à Venise ainsi que à la London Craft Week.
 
Edouard Elias
Edouard Elias

Armes Branches
A travers l’arsenal poétique d’Armes branches, Agnès Accorsi, artiste contemporaine au talent polymorphe, égare et tord une nouvelle fois nos stéréotypes et représentations. Sur un mode ludique et décalé, ses armes de bois sculptées, puis dessinées, interrogent les frontières mouvantes entre masculin-féminin, nature-culture, transversales à son œuvre. Tension fondatrice de toute question identitaire, féconde des rapports de lutte, de violence et de domination, à l’aube du vivant. L’alliage aux allures troglodytes des matériaux, comme issus d’un ordre premier, plonge au cœur d’un règne végétal épineux, où la plasticienne dévirilise l’objet, par la délicatesse d’un tracé ourlé d’arbouses et de bruyère. Temps lent, minutie et sophistication du dessin, en tension avec le temps court et brut de la sculpture où se choquent et s’unissent masculin-féminin, ensauvagement et civilisation, prisonniers des forces obscures d’un maquis, espace mythique, enclos et infini, siège du combat clandestin où les hommes fabriquent, cachent et déposent les armes. De la précision de l’arme  à l’arme de précision, clouée et liée au « milieu », le trait est ténu qui en suggère l’emprise… Ainsi, l’écho en diptyque des Armes branches prend toute sa dimension symbolique, singulière et universelle.

Agnès Accorsi
Agnès Accorsi Née en 1967 Vit et travaille en Corse
"Que ce soit avec ses vidéos, ces peintures ou d'autres techniques, les réalisations de l'artiste transportent le spectateur dans des univers fascinants et énigmatiques ou se mêlent les émotions liées à l'enfance et à la féminité . En effet Agnès Accorsi reproduit et retourne l'image idéalisée de la femme tel qu'elle est souvent diffusée et nous entraine dans un jeu de séduction dangereux .."
 "Agnès Accorsi lie les images, les signes et les couleurs et les situent dans des contextes dont elle exaspère les caractéristiques. Une idée de la beauté la guide qu’elle impose comme une évidence." 

Anne Allessandri 

 









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